6 août 2015

L'Arbragan

L'Arbragan raconte l'histoire d'une amitié hors du commun. Celle que partage un petit bonhomme solitaire et son meilleur copain, un grand chêne centenaire qu'il a baptisé Bertolt. Parmi toutes les choses qu'il aime faire, rien n'est plus merveilleux que grimper dans son arbre. Au printemps, lorsque les branches de Bertolt se couvre d'un feuillage touffu, le chêne devient la meilleure des cachettes; une maison, un refuge, un labyrinthe, une forteresse. Ensemble, ils partagent les secrets de son tronc et la protection de ses ramures. Ils épient tranquillement le village en contrebas et s'extasient de la grandeur et de la beauté du paysage. Puis à jour fixe, comme il arrive à chaque année, le printemps repointe le bout de son nez. Tous les arbres se recouvrent de bourgeons qui éclatent pour laisser place aux feuilles chatoyantes. Tous les arbres... sauf Bertolt. Il faut se résigner. Malgré l'attente et les prières, Bertolt n'est plus. Mais comment rendre hommage à la vie de son meilleur ami lorsque ce dernier est un arbre? Quand un chat ou un oiseau rend l'âme, on le sait tout de suite et on sait également quels gestes il faut poser. Comment dire au revoir à un si grand ami?



L'Arbragan est une de ces rares lectures qui fait l'effet d'une parenthèse hors du temps. La douceur du printemps, la quiétude de la campagne, les attraits de la nature, l'émerveillement propre à l'enfance. Tout dans cet album est traité avec une grande douceur. Si on parle de deuil au détour des pages, ce n'est jamais dans l'intention de s'appesantir sur ses aspects négatifs. Toujours dans l'épreuve, notre petit narrateur sait déceler la lumière. La créativité sera sa meilleure arme pour résoudre cette grave question. Voilà un message bigrement positif à passer à notre belle jeunesse! S'ajoute à cette plume teintée de poésie et qui ose le silence, la délicatesse du trait aux crayons de bois de Goldstyn. Un trait qui, même si l'on reconnait assez aisément la signature de l'artiste derrière les aventures de Van l'inventeur, s'apparente à celui expressif et enfantin d'un Quentin Blake ou d'un Jean-Jacques Sempé. Le lecteur sera assurément charmé d'y voir l'omniprésence du blanc. Un blanc qui repose l’œil et qui, du même coup, accentue les quelques couleurs choisies avec soin et posées par petites touches délicates. Dans un esprit résolument minimaliste, l'auteur nous livre une série d'illustrations magistrales qui sublime la beauté du texte.




Je suis consciente que plusieurs l'on déjà dit avant moi, mais je ne peux qu'abonder dans leur sens: l'Arbragan représente la quintessence de l'album jeunesse québécois. Un propos intelligent, une voix d'une grande sensibilité et des illustrations d'une grande finesse. On peut définitivement parler d'un album d'exception qui saura laisser sa marque dans l'univers littéraire québécois.




Vicky

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