9 oct. 2015

Coraline


Je ne suis pas d'un naturel froussard. Déjà toute jeune je courrai les occasions, voire même je forçais le destin en espérant ressentir une bouffée d'adrénaline dans mes veines. J'ai consommé du film d'horreur jusque dans ses moindres classiques, gober du Stephen King ainsi que du Edgar Allan Poe et passé quantité de nuits blanches sur mon plateau de Widja. Tout ces moments de frayeurs, ces petites peurs inoffensives étaient pour moi synonymes d'amusement. Puis, j'ai grandi. Le sentiment de nouveauté s'est estompé et, connaissant pratiquement tous les codes du genre, il m'était trop facile de repérer les clichés des différents romans et films qui me tombaient sous la main. Mon amour inconditionnel de l'horreur c'est tranquillement essoufflé. Jusqu'au jour où m'est arrivé entre les mains un petit bouquin noir à l'apparence anodine. Si je connaissais son auteur de renom, rien ne me préparais à ce que j'allais découvrir entre ces quelques pages. Les mots de Neil Gaiman ont réveillé en moi des peurs enfouies et instigués dans mon esprit une angoisse latente. Je vous avertie chers lecteurs, les cauchemars ne sont jamais loin lorsque vous plongez dans l'univers de Coraline.

Ce roman atypique trouve racine dans un univers qui n'est pas sans rappeler celui d'Alice aux pays des merveilles. Nous y rencontrons une brave et intrépide héroïne du nom de Coraline; jeune fille à l'esprit vif pour qui toute perspective de danger semble être plus intéressante qu'alarmante. Le problème avec cette chère Coraline, voyez-vous, c'est qu'elle s'ennuie à mourir. Nouvellement emménagés, ses parents sont trop préoccupés par les menus tracas du quotidien pour s'occuper d'elle. Il ne lui reste donc plus qu'à faire ce qu'elle sait faire de mieux pour se distraire: explorer. Sa nouvelle maison, va-t-elle le découvrir, possède vingt et unes fenêtres et quatorze portes. Treize de ces portes s'ouvrent et se ferment sans problème tandis que la quatorzième a cela de particulier qu'elle donne accès à un pan de mur recouvert de briques. Une porte qui mène nul part, voila qui est bien étrange. Curieuse, elle ouvrit une nouvelle fois cette quatorzième porte pour y découvrir un long et sombre passage la menant dans une maison ressemblant étrangement à la sienne. Pouvait-elle deviner que derrière cette porte se cachait une réalité qui, bien que semblable à celle qu'elle venait de quitter, excluait tout ses malheurs? Cette nouvelle vie lui semblait merveilleuse! Coraline apprendra à ses dépends qu'un tel bonheur ne peut qu'être éphémère. Car dans cet univers se cache un autre père et une autre mère; deux créatures aux yeux de boutons qui ne souhaitent rien de plus que garder cette nouvelle petite fille avec eux et ne plus jamais la laisser filer. Coraline devra user de ruse et faire preuve d'un grand courage pour parvenir à se sauver et ainsi réintégrer sa réalité. 

Comme la majorité des romans jeunesses qui ont marqué la littérature, Coraline centre son intrigue autour d'une protagoniste perspicace, un brin excentrique et d'une grande intelligence qui est au prise avec de sombres et dangereux problèmes. Même s'il s'agit de sa première incursion dans l'univers du livre jeunesse, Neil Gaiman semble déjà posséder une juste compréhension des peurs qui habitent les enfants ainsi que de la capacité qu'ils ont à les surmonter. En mettant pied dans ce monde derrière la quatorzième porte, Coraline déboule dans un univers qui, en apparence parfait, cristallise ses terreurs enfouies. En usant d'un courage qu'elle ne soupçonnait pas, notre héroïne embarque dans une quête qui l’amènera à combattre ce qui la terrorise au plus profond d'elle-même. Je vous rassure dès maintenant, ce roman n'a pas pour seul et unique vocation d'apeurer son lecteur en jouant la carte du surnaturel. La peur y est davantage insidieuse. La narration se révèle dune infinie intelligence en ce sens qu'elle ne permet aucun emprise sur la certitude. Plonger dans ce roman c'est accepter de se perdre dans un univers qui se fait un jeu d'incommoder son lecteur; c'est perdre pied dans une réalité tordue qui n'offre aucune clé de compréhension autre l'usage de l'imaginaire qui a la fâcheuse tendance de décupler la peur dissimuler derrière chaque image. 

Intelligent, terrifiant, troublant... Coraline est un véritable chef-d'oeuvre. Envie d'un roman qui vous hantera bien après sa lecture? Ne cherchez pas plus loin.



Vicky
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