7 avr. 2015

Les classiques de Vicky: Matilda de Roald Dahl

Matilda n'est peut-être pas une orpheline comme on en retrouve abondamment dans la littérature jeunesse mais elle est, sans l'ombre d'un doute, la petite personne ayant tiré le pire des numéros à la loterie de la vie. Le moins que l'on puisse dire est qu’atterrir au sein de la famille Verdebois n'est pas ce que l'on peut considérer comme une fête quotidienne. Tout d'abord son papa, monsieur Verdebois, un filou de la pire espèce et vendeur de voitures d'occasion se faisant un joli pactole sur le dos de sa clientèle. Sa maman, madame Verdebois, passionnée de matinées bingo. Finalement son frère, Michael Verdebois, qui n'aime rien de plus que perdre des journées entières devant le téléviseur. Tous sont englués dans leur petite vie de plaisirs faciles et de paraître. Matilda comprend très vite qu'elle est différente du reste de sa famille. Le fait est qu'elle est intelligente. Peut-être même trop intelligente au goût des Verdebois. Déjà à 4 ans, elle sait lire et écrire couramment. À 6 ans, elle a lu et relu tous les livres pour enfant et tous les classiques que contient sa bibliothèque de quartier. Les après-midi de son enfance solitaire s'écoulent donc au rythme des pages tournées. Les livres deviennent ses seuls amis et agissent comme des remparts la protégeant de l'indifférence de sa famille. 



En vieillissant Matilda ne rêve que d'une chose: l'école et la promesse d'une journée entière d'apprentissage en compagnie d'enfants de son âge, dans un joli bâtiment entouré d'arbres et de fleurs. Accédant à sa requête, le père de Matilda la dépose au Crunchem Hall Primary School, un bâtiment décrépi aux allures de maison correctionnelle, géré d'une main de fer par l'affreuse et tyrannique Mlle Legourdin. Si cette directrice considère tous les élèves de son établissement comme des vermisseaux, ce n'est pas le cas de l'institutrice de Matilda, Mlle Candy. Pareille à la plus habile des horticultrices, elle conçoit chacun de ces élèves comme un bourgeon prêt à fleurir et c'est avec beaucoup de douceur qu'elle les aide à développer leur plein potentiel. Dès sa première journée en classe, Matilda impressionne sa maîtresse qui décide de la prendre sous son aile. Se développe entre ces deux nouvelles complices un lien de confiance qui évolue rapidement en une amitié véritable. Matilda peut enfin se confier à une adulte concernant cet étrange pouvoir qui l'habite et qui lui permet de déplacer différents objets par la seule force de son esprit. Mlle Candy lui avoue à son tour un secret. Elle lui raconte qu'après la mort inexpliquée de son père elle a été forcée de vivre avec son exécrable tante qui la traitait comme une moins que rien. Encore aujourd'hui, cette-dernière l'oblige à rembourser le montant global qu'elle a du consacrer à son enfance. Cette tante, confesse Mlle Candy, n'est autre que la terrible Mlle Legourdin. Il n'en faut pas plus à Matilda pour échafauder un plan abracadabrant afin de débarrasser son école ainsi que sa nouvelle amie de l'influence néfaste de cette monstrueuse directrice. 




Je dois ma première incursion dans le monde de Roald Dahl à une petite journée pluvieuse qui confine tous les élèves à l'intérieur des murs de l'école. Question de rendre ce moment moins misérable, notre surveillante eu l'idée de nous passer le film Matilda, basé sur l'oeuvre éponyme de Roald Dahl. S'ensuit une heure et demie de bonheur, le cou tendu vers le petit écran cathodique de la classe. Malgré ce que l'on peut croire, mon histoire d'amour avec ce roman n'a pas débuté à l'âge tendre du primaire. Comme plusieurs enfants de mon époque, ce n'est pas tant le message du film qui m'a happé mais bien ces quelques images qui ont nourris mon imaginaire: Mlle Legourdin empoignant une petite blondinette par les tresses et la faisant valser à travers la cours d'école, l'horrible étouffoir et l'immensissime gâteau au chocolat de la directrice qui s'apparente davantage à une grosse limace gluante recouverte d'un glaçage chocolaté qu'à une pâtisserie ( encore aujourd'hui, je ne peux pas prendre une part de gâteau au chocolat sans y penser). Si ce n'était pas encore d'un amour inconditionnel que j'aimais cette petite coquine de Matilda, elle avait déjà réussi à se faire une place confortable dans mon coeur.

Ce n'est que bien plus tard, il y a de cela deux ans pour être bien précise, que ce roman m'est finalement arrivé entre les mains et que j'ai vécu une véritable pâmoison. Douce nostalgie est le terme que j'emploierai pour qualifier l'état d'esprit dans lequel m'a plongé cette lecture. Nostalgie d'une époque pas si lointaine où la réalité recelait un je-ne-sais-quoi de magique au quotidien. Où il n'était pas saugrenu de croire qu'il existait en moi des capacités qui me rendaient unique et merveilleuse. Un âge tendre où l'avenir n'était pas objet de soucis mais bien un sujet d'enthousiasme. La lecture de ce roman a fait résonner en moi la fibre de l'enfance et m'a rappeler l'importance d'une naïveté qui ouvre les yeux au monde ; chose qu'il m'arrive parfois d'oublier, perdue comme je suis dans mes agissements de grande personne. Pour moi, ce roman de Roald Dahl est bien plus qu'une simple histoire d'enfant. Qu'est-ce que Matilda sinon la réécriture de cette bataille biblique opposant le géant Goliath au jeune David. L'histoire d'une enfant, par définition sans défense, qui compte sur les ressources qu'elle possède pour vaincre l'autorité oppressive de l'adulte.




Dire que j'aime Matilda m’apparaît être un constat simpliste. J'aimerai parler de ce roman comme d'un remède au jour gris, d'un chocolat chaud littéraire ou d'une couverture contre la morosité. Un roman d'exception qui ouvre les yeux de ses lecteurs sur la richesse et l'importance de l'enfance. À vous maintenant de découvrir ce chef-d'oeuvre et de le partager à la multitude.






Vicky Sanfaçon


3 commentaires:

  1. Sublime billet, qui me rappelle de si bon souvenir... Roald Dahl est un grand maître.

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    1. Merci Marie-Claude pour le superbe commentaire! Roald Dahl est effectivement un grand maître de la littérature jeunesse. Lire une de ses œuvres me fait toujours un bien fou.

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  2. Aaah, que j'aime quand les blogs de littérature jeunesse mettent les classiques à l'honneur ! Et quand il s'agit de Mathilda, je ne peux qu'acquiescer... Il serait vraiment temps que je vois ce film !

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