19 mars 2015

Madame Pamplemousse - trilogie


Au détour de ses ruelles sinueuses, Paris réserve bien des secrets. Si vos pas vous mènent un jour près des berges de la Seine, au cœur d'un quartier peu fréquenté, peut-être aurez-vous la chance de tomber sur une petite boutique décrépie à l'enseigne des plus concise : Délices. À l'intérieur de cette échoppe se laissent découvrir les aliments les plus rares et les plus exotiques qui soient. À bien y penser, ces mots sont probablement trop faibles pour décrire la délicatesse des mets présentés. Il faut savoir que cette boutique appartient à madame Pamplemousse et que cette dame ne prépare rien de moins que les plus délectables et les plus époustouflants délices au monde. Ce que le client considère au premier coup d’œil comme un assortiment de charcuteries et de fromages fins se transfigure aux yeux des connaisseurs en aliments d'un tout autre acabit : queues de scorpions à l’aïoli fumé, tentacules de poulpe géant à la gelée de jasmin ou encore un salami de minotaure à la sauge et au thym pour ne nommer que ces quelques gourmandises. Mais la vraie spécialité de madame Pamplemousse, le met le plus raffiné de tout Paris, se vend dans de touts petits flacons à l'étiquette vierge. La liste des ingrédients pour concocter ce divin mélange est un secret bien gardé , connu de elle seule et de son chat Camembert, son aide cuistot.


Arrive un jour dans la boutique une mignonne petite frimousse répondant au nom de Madeleine. Comme à chaque été, Madeleine est forcée de travailler dans l'immonde restaurant, le Cochon Hurleur, de son tout aussi détestable oncle, monsieur Lard. Un patron tyrannique qui, jalousant le le don que possède sa nièce pour la cuisine, force celle-ci à frotter, récurer et astiquer sans cesse des amoncellements infinis de vaisselles sales. Jusqu'au jour où manque dans les frigo la fierté culinaire de son oncle, une immonde mixture d'organes innommables, noyée dans la graisse et colorée en rose bonbon. Voyant là une chance inouïe de s'évader l'espace d'un moment, Madeleine se propose pour aller en racheter au marché du coin. Mais elle revient non pas avec l'affreux pâté de tripes et de boyaux mais avec une tartinade enfermée dans un tout petit flacon à l'étiquette vierge qui fait fureur auprès de la clientèle du Cochon Hurleur. Mais quel est donc le mystère derrière cette précieuse tartinade? Monsieur Lard sera prêt à toutes les filouteries pour le découvrir.

N'importe quel amoureux des livres sera en mesure de vous le confirmer: certaines séries appellent d'instinct un certain type de lecteurs. De mon côté, la trilogie Madame Pamplemousse écrite par l'auteur britannique Rupert Kingfisher me courtise depuis mon arrivée en librairie. Voilà maintenant plus de deux ans que nous nous lançons des œillades à la dérobé sans que je puisse me résigner à succomber à sa narration. Ce n'est que tout récemment que j'ai décidé de franchir le pas et que je me retrouve encore une fois charmée. Sous une couverture ressemblant à s'y m'éprendre à une boîte de friandises acidulées, le lecteur déguste un récit qui se veut gourmand et empreint de douceur.

Mais oserais-je parler d'un univers singulier? Le monde qui se décline dans les trois tomes de cette série s'apparente beaucoup trop aux romans de Roald Dahl pour que ce détail soit passé sous silence. Le même schéma narratif est employé dans l'oeuvre des deux auteurs. Autant pour Dahl que pour Kingfisher, l'histoire prend place dans un univers semblable au notre mais accentué d'une petite touche de magie. Le héro de l'histoire est toujours un enfant possédant un don particulier qui se voit freiné par une figure parentale tyrannique mais qui sera finalement sauvé grâce à la participation d'un autre adulte davantage compréhensif. On pense ici à Mathilda, Charlie et la chocolaterie ou encore au roman James et la grosse pêche. Le pastiche est complet lorsque l'on s'attarde aux magnifiques illustrations de Susan Hellard qui ressemblent à s'y méprendre à celles de Quentin Blake qui a illustré tous les romans de Dahl. Est-ce vraiment un point en sa défaveur ? L'amour que je porte à l'univers romanesque de Roald Dahl est tel que je ne peux en vouloir à l'auteur de Madame pamplemousse même si ce dernier ne réinvente pas la recette. J'ajouterai même que si d'autres auteurs voulaient s'y tenter, vous me rendriez définitivement heureuse. Mais Madame pamplemousse ne se limite pas à ce seul et unique aspect. Cette trilogie charme d'abord car elle est une vraie ode aux sens qui plonge son lecteur dans un univers culinaire démentiel ; un univers où il est probable de déguster un café qui remonte le fil du temps et de savourer des sucreries qui catapultent tout ceux qui les croquent dans un monde onirique. Mais c'est ce beau message d'amitié qui transcende les pages de ce roman et nous hameçonne finalement le  cœur. Une amitié qui aidera Madeleine à grandir et à découvrir ses talents par le biais de la cuisine.





Une belle oeuvre qui se doit d'être lu avec le cœur et les yeux d'un enfant!






Vicky Sanfaçon


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